Gil Avérous #68555
Maire de Châteauroux
Président de Châteauroux Métropole
Président de l’Association « Villes de France »

A l’occasion de la rentrée des bureaux de la Fédération des Jeunes Chambres Économiques du Centre-Val de Loire, Gil Avérous participait à une keynote #inspiration : de Leader inspirant à élu manager du territoire. Sénateur #68555, Gil Avérous a commencé son parcours de Jaycee à la Jeune Chambre Economique d’Issoudun. Il a présidé la Fédération Centre-Val de Loire en 2003, et la JCE de Châteauroux en 2006 et Administrateur National. Aujourd’hui Maire de Châteauroux, Président de Châteauroux Métropole, Vice-Président du Conseil Départemental de l’Indre et Président de l’Association Villes de France.

La Jeune Chambre, incubateur de leader citoyen

Le mouvement nous offre de nous former, de grandir, grâce à plusieurs outils. Le premier est l’action. On nous apprend à la créer, la mener, la transmettre… cette méthodologie s’applique aujourd’hui partout, et je l’applique toujours au quotidien. L’autre élément qui m’a permis de progresser plus vite c’est ce turn-over de la prise de responsabilité, qui fait que chaque année, vous devez changer de poste et qu’on vous amène et vous incité à monter d’un cran ; de président local à président régional, de directeur de commission à Administrateur National… mais ce qui m’a permis de prendre conscience de la dimension du mouvement, c’est la participation aux événements internationaux. Toutes ces expériences, j’ai su les vivre à 200%, et je le répète sans m’en lasser : si je n’avais pas connu la jeune chambre, je n’en serais pas là aujourd’hui.

Ce que j’ai appris à la jeune chambre c’est d’avoir une vision. Savoir où on allait et quand on avait la vision, ensuite, déployer le plan d’action. Lorsque nous sommes arrivés aux affaires, Châteauroux avait au mieux l’image d’une ville moyenne soit pas d’image du tout, soit on nous confondait avec Châtellerault, mais dans tous les cas, on n’était pas vraiment identifiés. Pour inverser cette tendance, nous avons misé sur l’organisation d’événementiel de grande envergure, populaire, qui permette dans tous les cas de faire parler de Châteauroux. L’accueil des Championnats du monde de voltige aérienne a été un premier galop d’essai réussi. Nous l’avons fait de façon un peu amateur, et on s’est dit qu’il fallait, pour faire mieux encore, que l’on se professionnalise ; et comme sur le modèle de la méthodologie jeune chambre, il nous fallait nous structurer. Nous avons créé un établissement public, Châteauroux Events, dirigé par Anne-Laure Bodin elle-même Sénatrice JCI, qui assure tout l’événementiel de l’agglomération. Depuis, nous avons notamment organisé 2 élections nationales de Miss France, plusieurs championnats sportifs de grande ampleur, et nous préparons activement ce qu’une ville ne peut espérer : les Jeux Olympiques !

Plus difficile est la victoire, plus grande est la joie de gagner !

En 2014, pour ma première campagne municipale, j’étais le candidat choisi par le Maire sortant, mais pas par toute l’équipe puisque 2 listes dissidentes se sont présentées face à moi. Sur la ligne de départ, il y’a 7 listes. Au soir du 1er tour, nous sommes 6 à pouvoir prétendre se présenter au 2nd tour. On a à faire à une quadrangulaire, ce qui est assez rare pour une ville de cette taille. Je fais le choix de fusionner avec personne, de garder toute mon équipe en disant « j’ai un programme, on s’y tient. Soit on gagne tous ensemble, soit on perd tous ensemble ! » Au final, on remporte l’élection haut la main. Ça été une expérience très forte pour moi parce que ça été un combat difficile, et ça vous marque.

L’autre victoire, plus improbable cette fois, c’est l’obtention des épreuves de Tir aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Lorsque nous sommes allés candidater, on nous a clairement dit « c’est impossible ! Vous n’y arriverez jamais, enfin Châteauroux quoi… ». Et nous y avons cru, en argumentant dès le départ que construire un stand en région parisienne qui serait détruit ensuite, alors que nous avons déjà toutes les installations en place, c’était une hérésie, qui allait en plus à l’inverse de la philosophie affichée des JO 2024. Avec Marc Fleuret, le Président du Département, aidés par tous les acteurs du territoire et les sportifs aussi, on n’a rien lâché, et le 12 juillet dernier, le COJO (comité d’organisation des jeux olympiques) a officialisé Châteauroux comme Ville Olympique. Vous imaginez nos émotions…et désormais, avec mes collaborateurs, on ne dit plus « c’est impossible », mais on apprend à voir « comment ça peut être possible ». C’est vraiment ce qui me guide, c’est ce qui fait qu’on a pu déplacer des montagnes, et qu’on en déplacera encore d’autres.

Pour préparer les JO, on fait comme à la Jeune Chambre !

Dans l’organigramme, il y’a le CIO (comité international olympique) qui fixe les règles, le COJO qui les applique, et sur le terrain, c’est le Préfet qui coordonne et qui assure les fonctions régaliennes de sécurité notamment. Nous, nous sommes Ville Hôte et devons fédérer toutes les communes concernées. Comme on nous apprend à la Jeune Chambre, ce sont des réunions de commission, des comptes-rendus réguliers et beaucoup de transmission des informations. Ça c’est la clé de la réussite. Mais on ne veut pas que ça soit un événement institutionnel, donc on associe la population. Avec le label Terre de Jeux, le territoire organise plein d’événements sportifs et vont accueillir des délégations en stage. Le but est de créer une passion commune, en emmenant les gens vers juillet 2024 progressivement, que ça ne soit pas qu’un jour J. à l’image de l’organisation d’un congrès national à la Jeune Chambre, le but est de fédérer, rassembler.

Châteauroux c’est fou, Châteauroux un jour, Châteauroux toujours, finalement c’est Châteauroux le retour !

Au lendemain de la 2ème guerre mondiale, Châteauroux a été le centre du monde, en abritant une base aérienne de l’OTAN qui avait pour mission de maintenir l’ordre et la paix en Europe. La ville est passée de 35.000 habitants à 55.000 en très peu de temps et le territoire s’est transformé. Aujourd’hui il y’a toujours de l’émotion et de la nostalgie chez certains quand vous en parlez. Imaginez-vous on était un peu au Moyen-Âge et toute la civilisation américaine s’est installée, ça a révolutionné les mentalités ! Quand le Général De Gaulle a décidé de fermer la base, la ville s’est de nouveau dépeuplée. Aujourd’hui on veut ré inverser encore la tendance.

La personne humaine est la plus précieuse des richesses. Il faut se le rappeler et agir en conséquence 

Lorsque j’ai été candidat au Conseil d’Administration de la JCEF, avec l’équipe, on nous disait qu’il fallait faire attention désormais, car nous allions être les représentants officiels du mouvement. On nous disait « faites attention à la manière dont vous vous habillez, dont vous vous présentez en public… » vous représentez l’institution. Ça peut paraître anodin parce que ça n’est « que » la jeune chambre, mais c’est pareil lorsque vous prenez d’autres fonctions. Aujourd’hui, les gens voient en moi le Maire, donc il doit être bien habillé, il doit bien se tenir, se comporter, être exemplaire… je me rappelle pendant la campagne en 2014, je prenais un café en ville un samedi matin et une dame me dit « si vous voulez être maire, va falloir changer du jean et des baskets ! ». Pour les ¾ des gens ça va passer, mais il faut se mettre à la place de personnes qui ne sont pas d’une même génération, avec une même éducation, ou vocabulaire. A la Jeune Chambre on nous apprend aussi que la personne humaine est la plus précieuse des richesses. Et qu’on soit seul ou en équipe, on se doit justement de se mettre la place de tout le monde, de concevoir que des gens peuvent avoir une vision différente des choses et une image de nous. Il faut donc se le rappeler et agir en conséquence.

A lire : « Les villes moyennes attirent une population qualifiée qui participe à la réindustrialisation» (Gil Avérous, Villes de France)

Grand Entretien dans La Tribune – 27 janvier 2023